La température est un élément important. Les mois de juin à juillet sont les meilleurs pour officier… On repère d’abord la maman… On choisit « le » rosier et on repère un beau bouton, encore fermé pour être sûr qu’aucun insecte n’est déjà passé par là… On l’ « épluche » : pétales, sépales et étamines (la partie mâle)… Et puis, on protège tout ça dans un petit sac en plastique bien étanche… On s’intéresse ensuite au papa. On repère un autre rosier et on choisit un bouton un peu moins fermé… Même opération : on l' »épluche » également, et puis on coupe les étamines avec un outil bien aiguisé… On les dépose dans une coupelle… Comme les spermatozoïdes, les étamines peuvent être conservées quelques jours, ou bien congelées pour servir plus tard… Cette précision est importante car parfois, les parents ne fleurissent pas à la même époque et l’un peut tranquillement attendre l’autre… Il faut faire les prélèvements de façon rigoureuse : avant l’heure, c’est pas l’heure et après l’heure, c’est plus l’heure… Alors, au moment précis où c’est enfin l’heure, on retire le bouton décortiqué de sa protection de plastique et avec un pinceau ou l’extrémité du doigt, on dépose du pollen de papa sur le pistil de maman… On referme la robe hermétiquement pour qu’un insecte intrus ne s’y glisse pas sournoisement et on attend… Si la fécondation a réussi, trois semaines après, le pédoncule a grossi. Victoire, maman est enceinte !
- L' »épluchage » est terminé… Oh ! maman est toute nue !
- Au tour de papa…
A la fin de l’automne, avant les premières gelées, on cueille les cynorrhodons, les petites boules rouges des rosiers au centre desquelles se trouvent les graines. On les décortique pour récupérer les « akènes » qu’on laisse au frigo pendant 15 jours… 15 novembre : semis… Au printemps suivant, les bébés sortent… Ils grandissent une saison avant de donner leurs premières fleurs… On sélectionne les plus belles… Toutefois, il faudra des années pour savoir si on a affaire à un arbuste, un grimpant ou un nain… Idem pour les caractéristiques de vigueur, de résistance, etc… Seulement 20 à 25 rosiers seront retenus sur 1000 créés… Et ces 20 ou 25 rosiers seront ensuite reproduits uniquement par greffage afin de demeurer fidèles au premier… La greffe se fera sur un porte-greffe (églantier, rosier sauvage mis en jauge). Une fente en T est faite dans le pied du sauvageon. On y introduit une tige de rosier qui a fleuri (la baguette). On lie le tout avec un élastique… Un an plus tard, l’églantier s’efface au profit de la nouvelle variété que l’on taille alors pour la fortifier… Après quelques années de culture (jusqu’à 10 ans…), pour se faire connaître, le rosier part à la chasse aux diplômes dans les concours internationaux… Planté, il reste en place pendant 2 ans et est soumis aux observations d’un jury composé de professionnels et d’amateurs passionnés. Tout est scrupuleusement noté, rien n’est laissé au hasard… Au bout de ce parcours du combattant, la gloire, peut-être…
- C’est là que les graines sont semées et que les bébés rose sont mis en culture et observés… Il faut savoir qu’un même cynorrhodon donne des bébés tous différents… Seulement quelques-uns seront conservés, après qu’ils aient fleuris pour être correctement étudiés : résistance au froid, à la pluie, parfum, tenue de la fleur en vase, maladies, etc, etc……
- Toutes les roses sont étiquetées… Si quelques-unes sont retenues pour certaines qualités, elles passent un premier cap…
Et tout à la fin, enfin… le baptème de l’enfant… Parfois un nom évocateur, poétique ou romantique, parfois, le nom d’une personne connue ou anonyme… mais pas pour tout le monde ! Il arrive assez souvent que les roses ressemblent à leur parrain et cela n’a rien d’étonnant : on leur demande fréquemment de choisir « leur » rose entre plusieurs… Ils élisent celles qui leur correspondent le plus… Et c’est ainsi qu’est née la rose « Pierre Arditi »… Superbe… Vous trouvez qu’elle ressemble à son parrain ?
(Source : « La gazette des jardins »)
ah, c’est classé x ton article !!!
Je l’ai mis en lien dans le mien sur le jardin d’André Eve…
Il faut un peu de patience pour avoir des enfants rosiers, mais finalement ça ne doit pas être si long! tu as fait des bébés? rosiers bien sûr
Très bien expliqué tout ça – les choses de la vie, quoi !
Non, pas encore maman d’un bébé rose fait scientifiquement… Ah, si, j’allais oublier : des bébés, mais faits sans que j’y sois pour grand chose, des semis spontanés, des marcottes et des boutures… Mais je vais me lancer, je crois avoir compris, je vais tester la chose…
Bonjour,
Sous l’égide de vos conseils très bien illustrés pour lesquels je vous remercie, j’ai fait un accouplment aujourd’hui entre un rosier rose et un blanc. Et mis des graines au frigo. Je voudrais savoir si pour la maman, il faut enlever les étamines et ne laisse que le pistil ?
Et faut-il laisser en extérieur ?
Merci à bientôt
Cordialement